La Gabarrou-Long est une magnifique voie d’escalade qu’Alex et moi avons réalisée début Août. Elle se déroule sur le fantastique pilier rouge du brouillard, un édifice d’une rare raideur pour le massif. Ajouté à cela un caillou chaleureux de par sa couleur orange, vous comprendrez qu’il n’a rien à envier au Grand Capucin :-)
L’inconvénient de ce sommet (ou l’avantage) c’est la difficulté d’y accéder. En effet en plus d’être longue, la marche d’approche constitue une course glacière à part entière. C’est donc de bonne heure que nous partons en direction du bivouac Ecles. Comme nous sommes beaux, jeunes, rapides et vraiment bien entraînés par nos précédentes courses nous mettrons uniquement 7h55 à la place des 8h annoncés sur le topo (youhou !!!).
– Alex « demain lever 3h c’est pas mal non ? »
– moi « oaf ! C‘est trop tôt. Si on attaque pour le lever du jour, c’est mieux non ? Et puis on va quand même pas mettre les 10h annoncés pour faire 13 longueurs! »
– moi, après réflexion : « Je pense que si on se lève à 5h, c’est bon, à 16h on est rentré pour la sieste. »
– Alex (pas convaincu) « bon ! 4h15 »
5h, mon réveil sonne et comme toujours c’est frais et dispos que je rampe hors du lit.
6h30, une rimaye bien ouverte nous résiste un peu.
7H30, première longueur, je n’arrive pas à mettre mes chaussons tellement ils sont gelés !
En fait c’est le bonhomme entier qui est congelé, et quand enfin j’arrive à R1, j’ai réussi à mettre un chausson, j’ai perdu 2 gants, pleuré 3 fois et poussé 22 jurons !
Arrivée à R4 : les choses sérieuses vont commencer.
Fini le socle et ces vires rassurantes, maintenant l’escalade devient très aérienne, soutenue et athlétique.
Cette entrée dans le monde de la verticalité est gardée par un beau 7b, très raide et plutôt à doigt.
Ensuite même si ça reste dans le 6, je dois avouer que les difficultés rencontrées dans les longueurs suivantes m’ont surpris.
En effet, longues, soutenues et physiques elles sont entièrement à protéger.
De plus la majorité des relais sont à équiper ou à renforcer.
Il faut donc faire attention à garder suffisamment de friends (ou alors prendre un peu plus que le jeu prescrit sur le topo).
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, nous finissons quand même par arriver en haut.
Il est 17h30, et nous ne sommes pas en avance mais après 10h30 d’escalade une pause s’impose !
Comme quoi des fois les topos ont raison, 13 longueurs = 10h.
Nous prenons donc un peu le temps d’admirer le paysage, de nous imprégner de l’ambiance unique qui règne dans cette face aux dimensions himalayennes.
De temps en temps des chutes de pierre provenant des couloirs qui bordent le pilier viennent rompre le silence.
S’il y a bien quelque chose où nous sommes efficaces Alex et moi, c’est la descente en rappel : 54 minutes pour les 13 longueurs.
Et cerise sur le gâteau, je retrouve mes gants sur le bord d’une crevasse.
Vers 20h c’est bien fatigués que nous arrivons au bivouac.
Normalement, le plan était d’enchaîner sur le pilier du Freney le lendemain.
Réflexion faite nous sommes un peu trop crevés pour y aller et comme le mauvais temps s’annonce pour le surlendemain nous allons redescendre. Mais pas avant une bonne nuit de sommeil !
Pendant cette descente, rien de particulier à signaler, nous avons le temps et nous le prenons.
Ah si j’oubliais, au passage, j’en profite pour perdre mes gants dans une crevasse. Décidément c’était écrit !
Raphaël