C’est au Chourum olympique, dans le Dévoluy, que Raphaël et ses compagnons ont jeté leur dévolu en mars dernier. Un massif surprenant, pour une course qui ne l’est pas moins, voici leur récit.
Définition d’un chourum (wikipedia) : Les chourums sont des cavités naturelles, nombreuses dans la vallée de la Ribière, sur le flanc est du massif du Grand Ferrand, dans le massif du Dévoluy (Hautes-Alpes). Ces cavités, creusées par l’action conjuguée du vent et de la pluie sur la roche calcaire du massif, permettent à l’eau de pénétrer en profondeur dans les roches au lieu de ruisseler en surface.
Selon certaines sources, « chourum » viendrait de l’arabe « crique, échancrure ». Pour d’autres, cette appellation serait un dérivé du patois haut-alpin « champ roun » désignant un petit pré rond. En effet, ces gouffres s’ouvrent souvent au centre de dépressions circulaires (dolines). Les anciens prononcent « chourain ».
Pour ceux qui ne connaissent pas, voici quelques informations pratiques :
Le récit de Raph
Qui n’a jamais entendu un haut-alpin vanter les mérites de sa région, avec un brin de nostalgie dans la voix et l’œil humide ? « Tu verras, dans les Hautes-Alpes il ne pleut jamais, toujours du soleil et l’hiver chaque nuit il tombe un mètre de neige, et sans vent ! ».
À force d’entendre les louanges, que dis-je, l’apologie de cet eldorado, l’envie d’aller y traîner les spatules me taraudait. L’occasion se présenta un week-end de mars. D’étonnants phénomènes météo sur les Alpes, beau dans le sud, mauvais dans le nord, allaient justifier notre déplacement. C’est donc sans plus attendre que Marius, Dada (David) et DD (David) et moi, jetons notre dévolu dans le Dévoluy.
Dans ce massif, je n’y ai jamais mis les pieds, mais je sais qu’un grand alpiniste, René Desmaison pour ne pas le citer, y a passé beaucoup de temps. Connaissant la réputation du bonhomme, et son goût pour les ouvertures engagées, dans ma tête le Dévoluy ressemblait à peu près à ça :
En fait non. Pas du tout. L’endroit est très bucolique, plutôt éloigné du Mordor, et même fortement recommandable. :-)
L’objectif du jour est le Chourum olympique, un couloir mythique du massif à mi-chemin entre ski et spéléo. En effet, le couloir, si on peut l’appeler ainsi, se transforme par deux fois en tunnel. Il va sans dire que l’ambiance est au rendez-vous. Mais nous y reviendrons.
Sans transition, enchaînons par l’attribution du boulet d’or. Oui, oui. Le boulet d’or. Il n’est même pas huit heures du matin, et nous n’avons pas encore quitté la voiture. Pourtant, ce prestigieux prix qu’est le boulet d’or est décroché par un très sérieux candidat : j’ai nommé Marius.
L’animal a frappé très fort en oubliant non pas l’oubliable (t-shirt de rechange, bouteille de vin, un bouquin, etc.), mais son sac, et en intégralité s’il vous plaît ! Finalement, en piochant à droite à gauche, il arrive à peu près à rassembler le nécessaire pour ne pas compromettre la sortie. Ne manquent à l’appel qu’une paire de crampons. Mais nous y reviendrons également.
10H, 11H, midi ? Je ne sais plus, en tous cas nous sommes au pied du couloir. Le chemin pour venir jusqu’ici était comment dire…contrasté ? Tout commence par une petite marche bucolique dans des verts pâturages.
Ici les crocus ont remplacé la neige, les arbres ne vont pas tarder à recouvrer leurs feuilles, les oiseaux leur nids. Et nous ? Eh bien on porte les skis pardi ! Cependant cette petite promenade champêtre ne durera pas, la neige refait vite son apparition, ainsi que le vent.
Après nous être copieusement faits secouer par le dit vent (pas celui du psy), nous trouvons enfin un abri dans la première grotte. À partir de ce moment, c’est un peu « bienvenue à Disneyland » tellement le coin est grandiose et ludique : nous passons à côté de cascades de glace, sous des arches, dans des tunnels, et tous les 100m une tireuse de bonne bière nous permet de nous désaltérer (bon ça, ce n’est pas vrai, mais le concept est à développer).
Cependant, l’endroit est tout de même fort pentu et demande un minimum de concentration. Surtout avec un seul crampon sous les pieds. Et oui, il a bien fallu faire preuve de partage envers le boulet d’or (Cf plus haut).
Une fois au sommet, étant données les conditions (pas mal de glace), nous décidons de ne pas descendre par le couloir, mais par la voie normale, ce qui est bien dommage car la ligne doit être exceptionnelle à skier. Mais l’entreprise semble un peu trop hasardeuse aujourd’hui. Qu’importe, nous y reviendrons !
Le topo du Grand Ferrand, par le Chouroum Olympique
Altitude min / max : 1207m / 2758m
Dénivelé : 1600m
Longueur : 13.7km
Configuration : face
Orientation principale : E
Temps de parcours : 1 jour
Cotation globale : AD
Engagement : II
Qualité de l’équipement en place : P3
Cotation technique : 5.2
Exposition ski : E4
Cotation ponctuelle ski : S5
Cotation globale ski : TD
Cet itinéraire hors norme consiste à atteindre le sommet du Grand Ferrand par un système de grottes et de tunnels naturels creusés dans sa face E. Après avoir remonté le vallon du Grand Villard, on traverse le Chourum Olympique pour déboucher sur une large vire rayant le versant E, puis on poursuit par la traversée du Tunnel Olympique, fermé par les Arches Inter-Ferrantes, avant d’atteindre le point culminant de la course.
Remarques de sécurité :
- 100m à 50°, 15m à 55° et plusieurs passages à 45°.
- Par faible enneigement, le Chourum Olympique peut s’avérer infranchissable.
- Le tunnel présente généralement un ressaut mixte de 5m improtégeable.
- Itinéraire très exposé au dessus de barres.
- Les pentes suspendues de la Vire Olympique (orientation SE) chauffent très fort, attention à l’horaire !
- Il faut se méfier des purges pouvant être déclenchées par les skieurs/surfeurs descendant l’itinéraire alors qu’on est engagé dans le Chouroum.
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