Notre ambassadeur Alex, et son acolyte Vincent, étaient au Pilier sud des Écrins, dans la voie historique ouverte par Jean Franco et son épouse Jeanne en 1944. Une belle et longue course qu’ils nous font partager !
1 300m de dénivelé, oui, c’est bien la longueur du Pilier Sud de la Barre des Écrins, et c’est là que nous allons aujourd’hui ! Que de frissons et d’excitation à l’idée de gravir cette énorme montagne. On peut dire que le couple Franco voyait les choses en grand pour ouvrir ce pilier à la journée ! Ça laisse rêveur…
Après une marche d’approche d’un peu plus de 900m et un bivouac aux Balmes de François Blanc, il est 5H00 du matin. Nous sommes équipés et motivés : on commence à grimper. La rimaye passe sans difficultés, par la droite. Une langue de neige, quelques rochers, encore un peu de neige, et hop, nous voilà au pied du premier bastion. On enchaîne les longueurs dans du terrain facile, type gradins.
Peu après être passé en tête de cordée, j’ai l’agréable surprise de trouver deux espagnols en plein petit déjeuner, encore tout emmitouflés dans leur duvet. Option, plutôt sympa, qui permet de passer une nuit en paroi sur des vires où l’aire est des plus confortables, et l’air des plus respirables !
Il fait enfin grand jour, le caillou est plutôt bon et on enchaîne les longueurs rapidement : apparemment nous ne sommes pas encore perdus ! L’escalade alterne entre des traversées, des cheminées et du rocher fracturé. Ce n’est jamais bien dur, l’itinéraire est logique : de toute façon si on s’éloigne un peu trop, on arrive vite dans du terrain type cairns ! On a l’impression de bien avancer, mais au détour d’une cheminée, les espagnols se retrouvent juste derrière nous ! Moi qui pensais être tranquille sur ce pilier, c’est raté ! Au moins, ils nous sortent de notre transe. Branle-bas de combat ! Le bastion, qui constitue la majeure difficulté de la voie (environ 300 mètres d’escalade dans le 4, avec un passage en 5), n’est pas loin, et on voudrait éviter de passer en second : on est quand même dans les Écrins. Un bon coup de boost, finalement, nous sommes les premiers au pied du bastion.
Enfin, on dirait que ça grimpe pour de vrai. On ne peut qu’admirer les ouvreurs qui devaient avoir un caractère bien trempé ! À côté, nous passons pour des rigolos, avec notre matériel moderne et un topo de la voie hyper-détaillé ! À peine le temps de rêver que Vincent attaque la première longueur de ce bastion. Il est vite remis dans l’ambiance « montagne » de ce grand pilier sud, avec les derniers mètres de la longueur qui sont légèrement verglacés, gare à la glissade. Lorsque ce sera mon tour, je me retrouverai pendu en plein vide dans le fameux passage en 5+, sur un vieux piton tout rouillé. Une « zippette », suivie d’un vol plané. Merci le verglas ! Et je dois rester pendu sur ce piton quelques minutes, le temps de laisser passer une cordée !
Car, entre temps, nous avons fait une rencontre des plus inattendues : qui a dit qu’il n’y avait personne dans les Ecrins ? Alors que j’assurais Vincent dans la première longueur du bastion, sortis de nulle part, deux alpinistes arrivent, ils sont à une centaine de mètres sous notre cordée. Grimpant comme des furies, ils sont derrière nous en un éclair ! Nous apprenons qu’il s’agit de Lionel Daudet, et son compagnon de cordée Mathieu Cortial. Ils sont dans une tentative d’enchaînement de 14 faces sud des Écrins (projet interrompu à cause de la météo). Nous les laissons passer de bon cœur (d’où la raison de mon attente, pendu plein vide à quelques mètres du relais).
Au sommet du « miroir », une dalle caractéristique qui signifie la fin des difficultés, nous rejoignons les pentes de neige à gauche du pilier, pour sortir plus rapidement. Nous laissons de côté la possibilité de finir par une sorte d’arête sur la droite. Après 1000 mètres de grimpe, l’appel de la neige est plus fort ! Ça monte dur et l’altitude commence à se faire sentir, on sort à la brèche, puis on gravit l’arête, pour arriver sur le plus haut sommet des Écrins ! Nous sommes heureux !
Sur le col, entre la Barre et le Dôme, on retrouve nos deux alpinistes Lionel et Mathieu, en train de préparer leur parapente bi-places. Alors qu’ils viennent de décoller, une pointe de jalousie en tête, je les regarde voguer à vitesse grand V vers leurs prochaines aventures.
Cette voie d’ampleur, on ne peut le nier, est superbe dans tous ses aspects : une marche d’approche correcte, un terrain varié, une vue à couper le souffle tout au long de la voie, et une sortie sur un sommet mythique. Alors si vous passez par là, n’ayez pas de doute et foncez !
Matériel spécifique utilisé et testé par Alex
- Veste softshell Dru 3.0 Hoody Jacket de Directalpine
- Pantalon Kaiser 2.0 Pant de Directalpine
- 1 jeu de friends Camalots de Black Diamond (jusqu’au n°3, n° 0.75 et n° 1.5 doublés)
Topo de la voie au Pilier sud des Écrins
Cotation TD-
Engagement IV
Difficulté max : 5b
Longueur : 1300m
Horaire de la rimaye au sommet : 9h35.
Descente : à l’inverse de la marche d’approche, longue !
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Vidéo de la voie au Pilier sud des Écrins
Source : Alberto Berloffa