Eliott Robin-Sage a participé à sa première Pierra Menta et nous partage son récit de course. Au travers de ces lignes, embarquez pour la découverte de cette épreuve emblématique, conclue par un magnifique top 10, à seulement 20 ans.
La première Pierra Menta de Eliott Robin-Sage
Briefing de la Pierra Menta 2025

Je m’organise avec Rémi Cantan, un bon copain de Grenoble, pour covoiturer ensemble jusqu’à Arêches. On se retrouve à deux dans une Clio 3 avec le coffre plein à craquer, autant vous dire qu’on a l’impression de déménager ! Un petit arrêt à Carrefour Meylan s’impose pour faire les stocks de glucides rapides (des bonbons ;) et prendre une pile pour le cardio, puis on se dirige enfin vers le Beaufortain Nous discutons de ce qui nous attend lors des prochains jours et le trajet passe très vite. Je suis partagé entre l’excitation de découvrir ce nouveau format de course et la peur de ne pas savoir comment mon corps va réagir avec l’accumulation des efforts sur les étapes.
Nous arrivons vers 17h dans la salle de la Chaudanne à Arêches et nous imprégnons directement de l’ambiance. Quelques jours avant, nous avions appris que nous étions dossards 117 et nous ne comprenions pas ce choix. J’étais encore un peu stressé car un tel dossard signifiait que nous devions partir en vague 3 et donc ne pas faire la course avec les plus forts…Heureusement, nous avons envoyé un mail au directeur de course et nous avons été avancés dans le premier sas. Le briefing commence avec la voix emblématique de Silvano, LE speaker du ski-alpinisme ! La présentation des équipes élites me fait rêver et je pense à tous ces noms qui ont marqué mon esprit dans ma jeune carrière. Je m’imagine, rêveur, monter sur ce podium dans quelques années. Ça y est, le menu du lendemain est annoncé ! la première étape sera “courte”, 2300 m au programme. Parfait pour se mettre en jambe, j’ai hâte d’y être !
Nous rejoignons ensuite le centre VTF, où nous passerons les 4 prochaines nuits. À peine le temps de manger, faire les affaires et farter les peaux qu’il faut déjà « mettre la viande dans le torchon » !
1ère étape de la Pierra Menta 2025 : Le grand bain
Réveil à 5h30, ça pique ! Le départ de l’étape à 7h30, mais je suis déjà sur les skis à 7h pour un petit échauffement avec Thomas Pueyo, mon coéquipier pour cette première Pierra Menta. Nous avons couru la Villarinche ensemble fin février et cela s’était bien passé ! Je suis rassuré de le savoir avec moi car il est plein d’expérience et saura me guider sur ces quatre prochains jours. Nous rejoignons le premier sas sous la pluie, et il ne reste plus qu’à attendre le grand départ de cette 39ème édition de la Pierra Menta.
Je connais bien la première montée qui sert à rallier le haut du domaine skiable. Les organisateurs nous ont mijoté une sorte de parcours de repli à cause de la météo mais les montées sont quand-même techniques, avec des beaux portages, des descentes hors piste, tout ce que j’aime !
TOP DÉPART ! La pluie cesse assez rapidement et je prends un bon rythme dès le début de la montée en attendant que Thomas recolle à mon train. Il arrive à le faire dans chaque montée et ça ne manque pas de m’impressionner. Je veux mettre mes lunettes derrière le casque car elles commencent à faire de la buée, mais une branche casse et je me retrouve sans lunettes au bout de 300 m de d+. La chasse aux lunettes est ouverte, je demande à beaucoup de spectateurs de me prêter une paire pour finir l’étape. C’est finalement le papa d’Antoine Marietta qui me prête sa paire de Julbo et me sauve. Parfait !

La première descente est un chantier, avec encore beaucoup d’équipes au coude à coude mais nous ne nous excitons pas avec Thomas. Nous repartons bien dans la deuxième montée et commençons à remonter des équipes. Pendant un long portage, je me sens vraiment bien et parviens à relancer en courant à beaucoup d’endroits. C’est bon signe pour la suite ! Dans l’avant dernière montée, nous forçons encore le rythme et revenons sur l’équipe Yoann Sert-Thibault Marquet, surprenant !
Après un dernier portage, nous filons à toute vitesse vers Arêches pour décrocher une belle 8ème place sur cette première étape !
Ensuite, tous les après-midis se ressembleront, avec la course à la récup. On rentre vite à la chambre puis : douche, bas de compression, collation. Ensuite repas au centre, kiné et sieste. Un vrai rythme de retraité !
2ème étape de la Pierra Menta 2025 : L’étape marathon
Pour cette deuxième étape, 3000d+ sont annoncés, avec un départ neutralisé de 400d+.depuis le centre d’Arêches (donc 3400d+ au total).
Cette étape me fait peur, ça fait un paquet de dénivelé et je ne sais pas trop comment mes jambes vont réagir après la journée d’hier. Dans le sas du départ “fictif”, nous voyons les élites (Samuel Equy, Mathéo Jacquemoud) enlever leur veste et aller se placer tout devant. Avec Thomas, nous saisissons vite l’embrouille ! Vite, on se dépêche d’enlever la doudoune et d’aller aux toilettes avant d’aller se placer devant. William Bon-Mardion prend la tête dès le départ, en courant. Rien d’étonnant, il fallait bien régaler les enfants qui n’étaient pas encore à l’école et qui étaient venus voir le passage de la grande procession de la Pierra Menta ! Les 400d+ sont donc avalés à bonne allure, et la journée s’annonce longue !
Le départ est donné sur la route du barrage de Saint-Guérin. Très plat, trop plat. Nous partons néanmoins assez rapidement. Je commence à botter au bout de 15 min de course.. Pourtant j’avais farté les peaux ! Raaah ! Je vois que Samuel Equy botte aussi et ça me rassure un peu. Je me mets sur le côté pour changer ma peau le plus rapidement possible. Thomas passe à côté de moi et je lui dis de ne pas s’inquiéter. Je repars sans accuser trop de retard et parviens à rentrer au train. Je ne suis pas en super forme dans la première montée alors je me cache dans les skis de Thomas et je patiente en attendant que mes jambes se réveillent (comme dirait Rémi Cantan, je suis un homme de deuxième bosse). La première descente est super bonne, il a neigé la nuit ! La deuxième montée débute avec encore un bon plat au départ, alors nous faisons glisser et nous apercevons Simon Bellabouvier et Arthur Joyeux Bouillon juste devant. S’ensuivent un bon nombre de conversions où nous gagnons mètre après mètre sur l’équipe qui nous précède. Un long portage, raide comme on les aime, nous fait sortir à Roche Pastire en plein soleil, extra ! Une belle descente puis ça repart pour une autre montée de 400d+, où je décide de durcir le rythme comme je me sens très bien. Nous sommes au coude à coude avec Bastien Fleury et Lori Girard et je fais tout pour les distancer.

Nous arrivons avec une petite dizaine de secondes d’avance à la manip et nous commençons à descendre. L’équipe Fleury Girard descend très fort et nous reprend à mi descente. Nous repeautons et repartons avec 10 secondes de retard. Je ne veux pas les laisser partir. Jeune fougueux que je suis, je veux me battre avec cette équipe ! Nous montons bien mais je commence à sentir un peu de fatigue à la fin de la montée. Nous basculons pour retomber sur le lac de Saint-Guérin. En bas, nous déchaussons et courons autour du lac en passant sur la belle passerelle. Tout va encore bien mais nous avons déjà 2500d+ dans les jambes et il reste une montée de 900d+ en plein soleil…
Ce qui devait arriver, arriva, je m’éteins à petit feu. Je mange tous les gels qu’il me reste sous les bons conseils de Thomas. L’allure faiblit petit à petit et je commence à douter de mes capacités. Je pense à ma maman qui veut venir me voir samedi et me dis que je n’ai pas le droit d’abandonner dès le deuxième jour. Je me bats avec toute ma force mentale en me disant qu’il suffit de mettre un pied devant l’autre le moins lentement possible !


Thomas sort l’élastique dans les 300 derniers mètres qui me paraissent interminables, et ça me fait un bien fou. Nous arrivons dans la grande descente finale que nous connaissons mais je ne me sens toujours pas très bien. Je pars à la faute au milieu de la descente (le brouillard m’a empêché de voir un trou dans la neige). Rien de grave, je repars rapidement et rejoins Thomas pour franchir la ligne en 11ème position(étape et général). Nous avons fait du mieux pour limiter la casse, et maintenant que cette grosse étape est passée, nous avons une forte envie d’intégrer le top 10 du classement général. Les écarts sont minimes alors tout est encore possible !
3ème étape de la Pierra Menta 2025 : Emblématique Grand Mont
Pour cette troisième étape, les organisateurs nous ont concocté un parcours passant par l’emblématique sommet du Beaufortain : le Grand Mont ! Je suis trop excité de faire ce sommet en course ! 2300d+ annoncés mais j’aurais 2550d+ affichés sur la montre à la fin de l’étape.
Le départ est donné ! La première montée de 900d+ me fait couiner encore une fois. Nous avançons bien mais je ne me sens pas impérial. Nous partageons une partie de la montée avec Ludovic Pommeret (un de mes idoles de jeunesse), c’est drôle ce sport quand même… C’est un peu comme si je faisais du foot et que je pouvais jouer avec Lionel Messi tous les weekends.

Dès la deuxième bosse, je sens que ce jour restera gravé un moment dans ma mémoire : tout devient facile ! Je me retiens de courir pour attendre un peu Thomas et je me sens vraiment en forme. Je n’arrive pas à me retenir très longtemps et je me mets à relancer comme un fou ! Je vois des équipes devant et je veux les dégouter. Je sprinte en les dépassant. Derrière, Thomas subit un peu mes excès. Cela me permet d’arriver à la manip en avance, faire la mienne et l’aider à faire la sienne quand il arrive.
La dernière montée nous mène jusqu’au sommet du Grand Mont. Je suis encore tout excité, alors je pars vite et mets l’élastique pour tirer un peu Thomas. L’arête du Grand Mont est somptueuse, c’est très plaisant. Nous descendons et arrivons au coude à coude avec Yoann Sert et Thibaut Marquet. Ils terminent 10èmes de l’étape, et nous 11èmes. Mais nous réintégrons le top 10 du classement général ! Les écarts sont toujours très serrés, alors tout se jouera demain, sur (déjà) la dernière étape.
4ème étape de la Pierra Menta 2025 : Bain de foule au col de la Forclaz
Dernière étape de cette Pierra Menta 2025 ! Nous sommes samedi, et c’est le jour où il y a le plus de public sur le bord des traces ! Pour l’occasion, les organisateurs nous ont tracés un parcours de 2000d+ passant 3 fois au col de la Forclaz. Je suis tellement soulagé au départ car je sais que cette dernière étape sera la moins difficile mentalement. Au col, pas moins de 2000 supporters nous attendent, prêts à mettre le feu lors du passage des coureurs. J’espère que j’arriverais à reconnaître ma maman dans ce bain de foule !
La première montée est très dure avec un départ à plat, puis en légère descente. Je me rends compte que j’ai oublié d’enlever mes peaux d’échauffement de ma combinaison… Je n’hésite pas et les bazarde dans le fossé à côté de la piste. Je ne vais pas m’alourdir avec ça. J’espère les retrouver tout à l’heure.
Nous accusons un peu le coup de ce départ roulant avec Thomas. J’espère que ce sera passager. Un premier portage par manque de neige dans le bois et nous courons, nous courons, nous courons…On remet les skis, en on progresse avant un petit groupe. Ça avance mais pas assez pour moi ! Je relance sèchement. Thomas me suit en lissant son effort. Nous revenons sur Simon Bellabouvier et Arthur Joyeux-Bouillon (l’équipe qui menace notre top 10). Nous les dépassons vite, à moitié au bluff. Nous arrivons une première fois à la Forclaz. L’ambiance est vraiment extraordinaire. J’en ai des frissons ! On descend droit dans la poudre. On repeaute et je sors directement l’élastique car je me rends compte que je suis encore dans une très bonne journée. Nouvelle descente, au soleil et toujours dans une neige excellente.

Dernier repeautage et c’est parti pour les derniers 400d+ de cette Pierra Menta ! Je suis encore très bien. Je tire Thomas dès le début de la montée pour jouer avec l’équipe de Valentin Clarys et Pierre Mettan. Sur le dernier portage Thomas perd un peu de temps à cause de soucis techniques. On repasse une troisième fois au col de la Forclaz. L’ambiance est toujours aussi électrique ! Les tronçonneuses, les clairons, la foule nous transcendent. Je me sens chanceux de pouvoir vivre ce moment aussi intense, à la fin de 4 jours sur l’une des plus grandes courses de ski-alpinisme au monde. Je fends la foule en courant et lève les bras au ciel. C’est hors du temps.
Nous nous élançons dans la dernière descente, en sachant que nous avons le top 10 au bout de nos spatules. À la fin, par manque de neige il nous faut déchausser plusieurs fois et courir. Nous arrivons à dépasser Bastien Fleury et Lori Girard pour faire 9èmes de l’étape et assurer notre top 10 au général.
J’ai du mal à me rendre compte de ce que je viens d’accomplir. J’ai seulement 20 ans et je viens de vivre quelques unes de mes plus belles émotions de sport, et termine dans le top 10 de ma première Pierra Menta.
C’était fou. Merci.

Eliott, un grand merci pour ton récit de course. Nous avons été complètement transportés sur cette Pierra Menta 2025. Bravo à toi et à ton coéquipier Thomas pour cette superbe performance. Nous avons hâte de suivre ta saison de trail !
Vous pouvez retrouver le compte Instagram de Eliott Robin-Sage, où sont partagés des vidéos immersives de la Pierra Menta 2025, juste ici : https://www.instagram.com/eliott__rs/
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Merci de votre lecture et à très vite sur les skis !
Hugo