La traversée Nord du massif de Belledonne en trail

La traversée Nord du massif de Belledonne en trail

Le massif de Belledonne, réputé pour ses pierriers et la technicité de ses sentiers, attire toujours plus de randonneurs et de traileurs à la recherche d’un environnement sauvage et alpin. Voilà maintenant 5 années que Hugo construit indirectement son corps et son mental pour en réaliser la traversée complète en une seule fois.
La neige était déjà trop présente sur les hauts sommets et dans les combes Nord, Hugo a décidé de revoir ses plans pour cette année 2024 et de partir seulement pour la traversée Nord, entre le Rivier d’Allemond et le col du Grand Cucheron.

Les conditions seraient tout aussi hivernales mais l’itinéraire passant moins haut, il subirait moins la neige. Équipé de sa caméra, il a capturé les beaux paysages de sa traversée et nous les partage dans ce récit. C’est parti pour 66 kilomètres et 5264D+ au coeur du massif de Belledonne !

Récit de la traversée Nord du massif de Belledonne en Trail Running : 66 kilomètres, 5264D+ en 11h40

Profil de la traversée Nord du massif de Belledonne

1ère partie : Rivier d’Allemond -> Fond de France (14,5km / 1200D+)

C’est parti pour la fameuse traversée de Belledonne Nord ! Je check mon père et mon oncle qui me déposent au départ du Rivier d’Allemond, puis je m’élance sur le premier KV (kilomètre vertical) qui me mène jusqu’aux Lacs des 7 Laux. La température est très fraiche (env 0°) et le chemin monte raide dès le début. Je ne tarde pas à sortir les bâtons, car c’est encore long ! Progressivement, je sors de la mer de nuage et le rythme est super bon ! Je sais que je ne dois surtout pas m’enflammer mais j’ai déjà hâte de rejoindre les chemins dont j’ai fais les reconnaissances la semaine d’avant.

J’arrive au col des 7 Laux en même temps que le soleil, qui me réchauffe les oreilles. Ça fait quelques dizaines de minutes que je progresse dans la neige sans trop de chemins à suivre et ça ne risque pas de s’arranger ! La neige et la glace de la veille sont encore immaculées de traces…. Mais le décor est tellement grandiose que je ne me pose pas de questions et j’avance tant bien que mal dans les pierriers gelés et recouverts de neige.

J’attaque la descente vers Fond de France 1h45 après le départ. Le début du sentier est rendu encore plus technique que le long des lacs, puisqu’il est recouvert de glace vive ! Et oui, ce versant ne reverra pas le soleil avant un moment. Je descends prudemment mais je reste rapide et efficace malgré les conditions. Ma stratégie est de ne pas perdre d’énergie avant le kilomètre 30, alors pas question de me mettre dans le rouge ! La neige et la glace laissent place à des chemins gorgés d’eau et je quitte le ciel bleu en repassant sous la mer de nuage. Me voilà à Fond de France !

Vidéo de la traversée de Belledonne Nord en trail : Rivier d’Allemond -> Fond de France


2ème partie : Fond de France -> Gleyzin (23,5km / 1300m D+)

Je refais le plein d’eau puis repars pour quelques kilomètres plus roulants jusqu’au pied de la deuxième bosse. Je suis super bien et ça passe vite ! Mes pieds sèchent un peu sur cette partie. C’est reparti pour un deuxième kilomètre vertical ! Je ressors mes bâtons et je trottine en poussant dessus comme en ski-alpinisme.

Je sors peu à peu de la forêt et de la mer de nuage, qui laissent place à un décor de rêve ! Les écouteurs étaient encore rangés dans ma poche jusque là mais j’ai envie de marquer ce moment avec du son. Alors, je lance la musique et je me mets à avancer plus vite ! Adrénaline et endorphine en même temps ! J’atteins très vite le Crêt du Tambour, deuxième sommet de la traversée. Pendant la montée, je n’ai eu de cesse de regarder les sommets qui m’entouraient, impressionnants de verticalité et de beauté. Le col de Comberousse, le Rocher d’Arguille, le col de la Valloire, le Rocher Gris, la Grande Valloire…je suis heureux de pouvoir identifier tous ces endroits que j’ai pu parcourir l’hiver à ski !

Vidéo de la traversée de Belledonne Nord en trail : Fond de France -> Gleyzin

Pas de perte de temps, je suis déjà en retard pour rejoindre ma petite soeur et mon meilleur ami venus me faire un semblant d’assistance au village du Gleyzin. La descente est sans traces sur le début, puis je rejoins un itinéraire plus parcouru et je peux me faire plaisir en jouant avec ma technique malgré la neige toujours présente !

Je passe vite le lac du Léat, puis la Croix du Léat avant la belle redescente bien technique vers le village. Au moment de replonger dans la mer de nuage, je croise Maxime, un ami qui m’a fait la surprise de venir me rejoindre pour m’accompagner sur quelques kilomètres. Je suis seul depuis 4h30 et discuter un peu me fait du bien ! On arrive au point de ravitaillement 25 minutes plus tard, où je retrouve Valentin et Manon.


3ème partie : Gleyzin -> Col de Claran (18,5km / 1300m D+)

J’ai le sourire ! Même si j’ai passé 1h40 de plus que prévu à batailler dans la neige et la glace, je ne suis pas fatigué et mon corps répond toujours bien. Valentin me fait rire pendant que Manon me change l’eau de mes flasques. Je mange une barre, boit du Coca et de la St Yorre avant de piocher une grosse poignée de Haribo crocodile, mes bonbons préférés.

Je repars après moins de 5min de pause, rempli d’énergie et gonflé à bloc pour la suite ! Une petite montée d’environ 600 mètre de dénivelé m’attends mais je me sens tellement bien que je me surprend à courir dedans. Le sommet est vite atteint et 5 kilomètres de descente m’attendent. Maxime me quitte tandis que je m’élance sur cette portion très roulante, sur un chemin large. Le genre de chemin qui te fracasse les jambes ! Je gère ma descente pour « ne pas tout casser » mais quand même avancer sans trainer. Je trouve le temps long, seul à l’ombre et dans le froid mais je me dis que je me sentirai mieux dans la prochaine montée.

Vidéo de la traversée de Belledonne Nord en trail : Gleyzin -> Col de Claran

Un point de côté feint une apparition au moment où j’attaque la montée vers le col de Claran. Celle-ci est raide alors je prends mes précautions et j’engloutis deux barres coup sur coup. Cela devrait me faire tenir jusqu’au sommet ! Je sors les bâtons et adopte un rythme confortable en me forçant à relancer lorsque j’en ai la possibilité. Comme ça, je réactive mon organisme et je ne m’endors pas sur mon effort. Je sors une fois de plus de la mer de nuage, découvrant une atmosphère automnale que me fait sourire. Je me trouve chanceux de pouvoir vivre ça, dans ces conditions. Tout prend une autre valeur avec l’effort ! Je rejoins le col de Claran en mixant course et marche sur la fin, signe que mon petit « coup de moins bien » est passé.


4ème partie : Col de Claran -> Col de la Perche (13km / 1100 D+)

Je me sens bien, mais mon corps commence à fatiguer. 3700 mètres de dénivelé, pas évidents à cause de la neige et du froid, en seulement 42 kilomètres. La descente suivante est loin d’être roulante. La trace n’est non plus pas évidente à trouver par endroit. J’ai beau connaitre ces montagnes, je n’arrive jamais à trouver le sentier du premier coup lorsque je passe sous le refuge de Claran. Après une vingtaine de minutes hors sentier à vagabonder entre pierriers et arcosses, je décide de ne plus chercher le chemin et « d’azimuter » vers là où je dois aller. Je suis le lit d’un ruisseau, en sachant que je vais forcément retomber sur le chemin, et bingo !

Je fais un plein d’eau et termine la descente jusqu’à Cohardin, où je peux débuter la montée vers le col de la Perrière via un long chemin roulant, puis via une coupe hors sentier dans la forêt. Les parties roulantes me permettent de courir, ce qui me donne un bon indice sur mon état de fraicheur au bout de 50 kilomètres de course. Mais lorsque j’attaque la partie hors sentier, je reprends à nouveau un bon coup de « moins bien ». Je commence à avoir très faim d’un seul coup, ce qui me fait me rappeler que je n’ai pas assez manger sur la dernière heure. C’est très raide et je pousse de toutes mes forces sur mes jambes et mes bâtons pour enfin sortir de cette forêt et rejoindre l’alpage de la Perrière. Je suis serein sur mon état physique, en me disant que ça ne devrait pas durer très longtemps si je m’alimente et que je bois correctement. J’arrive à rejoindre le refuge de la Perrière, juste sous le col, et j’engloutis 3 barres de céréales d’un coup.

Je continue sur un rythme lent mais efficace, le temps que le sucre des barres se diffuse dans le sang. Je me raccroche à la musique que j’écoute afin d’oublier la fatigue musculaire qui commence à m’envahir. La descente dans le vallon du Gargoton force ma prudence mais je sais que je vais aller au bout de mon idée de trace donc j’avance toujours correctement. La montée vers le col de la Perche s’annonce délicate à gérer avec mon état de fraicheur mais j’ai connu bien pire alors je ne panique pas.

Et là, surprise ! Tout revient à la normale et je peux progresser sur un rythme plus que correct après 55 kilomètres et 4700 mètres de dénivelé sur les sentiers du massif de Belledonne.

Vidéo de la traversée de Belledonne Nord en trail : Col de Claran -> Col de la Perche


5ème partie : Col de la Perche -> Col du Grand Cucheron (11km / 350 m D+)

Le col de la Perche est vite rejoint et fidèle à moi-même, je m’élance sans pause dans la descente qui mène au dernier sommet de la traversée. L’euphorie me prend et je lâche les freins en descendant avec une aisance que je n’aurais pas soupçonné après 10h d’efforts. J’en oublie même d’appeler Valentin pour qu’il vienne me chercher au col du Cucheron.

La dernière crête qui me mène au sommet du Grand Chat est incroyable. Le soleil couchant crée une lumière orange-rouge qui vient rendre ce moment unique. Je profite de quelques minutes au panneau du Grand Chat, puis je m’élance dans la dernière descente vers le col du Cucheron.

L’obscurité tombe vite. J’avais prévu cette éventualité et je sors ma petite Bindi du sac. L’éclairage n’est pas incroyable mais ça permet d’avancer et de voir où l’on pose ses pieds, donc ça suffit amplement. Surtout que la lampe ne pèse rien ! Le chemin ne fait que de monter et descendre, et joue avec ma patience. Je ne me souvenais pas qu’il était aussi long, alors que je l’avais déjà parcouru en chaussures de ski après ma traversée Nord de Belledonne fin février.

Au bout d’une heure d’effort, je rejoins enfin Valentin et Manon. On parcoure ensemble les 200 derniers mètres jusqu’au panneau du col du Grand Cucheron, que je tape de ma main droite, signe de la fin et de la réussite de ma traversée ! 66 kilomètres, 5264 mètres de dénivelé et 11h40 se sont écoulés depuis mon départ du Rivier d’Allemond. Je suis fier de ce que j’ai accompli et pouvoir partager ce moment avec mes proches rend la chose encore plus intense.

Vidéo de la traversée de Belledonne Nord en trail : Col de la Perche -> Col du Grand Cucheron


Cette traversée a nécessité des reconnaissances et une préparation importante durant le mois précédent la tentative. Si les chemins empruntés sont bien indiqués et faciles à suivre, il convient de ne pas prendre ce tracé à la légère car il y a peu d’endroits où l’on peut rejoindre un village ou la route sans se rajouter un certain nombre de kilomètres. Ces reconnaissances sont aussi l’occasion de passer de supers moments en montagne ! Je n’en garde que de bons souvenirs, même sous la pluie et la neige ;)

Pour les intéressés, voici la trace ma traversée : https://www.openrunner.com/route-details/20060008

Pour ceux qui seraient tentés par l’itinéraire en randonnée, il est possible de le réaliser en plusieurs jours ! De nombreux refuges sont placés le long du parcours et si vous choisissez de le faire en été, vous pourrez passer de magnifiques nuits à la belle étoile ! La découpe du tracé est plutôt simple et les sentiers, bien que techniques, sont très abordables.

Le col de la Perrière dominé par les Grands Moulins / Octobre / @Valentin Dibidabian

Quel équipement pour ce type de traversée en trail ?

Concernant le matériel utilisé, je suis parti très light, la traversée étant prévue à la journée et avec une météo favorable.

  1. Un simple short
  2. Maillot manches longues
  3. Une casquette
  4. Une paire de bâtons 3 brins
  5. Deux tours de cou (un sur moi et l’autre dans le sac)
  6. Une veste imperméable (fond du sac)
  7. Une paire de gants légers (fond du sac)
  8. Autonomie alimentaire pour la traversée en intégralité, sans approvisionnement
  9. Couverture de survie
  10. Frontale Petzl Bindi
  11. Caméra Insta360
  12. Chaussures de la marque ON en test
logo-avis-montania-sport

Vous pouvez également retrouver notre univers trail-running dans notre magasin Montania Sport à Chambéry ou sur notre site Internet : https://www.montania-sport.com/7086-espace-trail-running-chambery

Bon voyage dans le pays Belledonnien 😉


Merci de votre lecture,

Hugo

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