Caché dans un coin reculé du monde, un lieu perdu, peut-être même oublié des hommes, il existe une grotte renfermant un incroyable trésor : celui d’ Ali Baba. Ce fameux trésor, d’une valeur inestimable, est protégé par un secret. Secret que Raph et Simon se sont efforcés de découvrir ici…
4 jours, 8 longueurs, et ce n’est pas une voie d’artif !
Question rendement et efficacité, on a déjà vu mieux.
Objectif : découvrir et enchainer toutes les longueurs d’escalade de la voie « Ali Baba » : 8a, 8a, 7b+, 8a, 8a/+, 8a+, 8a/+, 7c.
Pour cela, nous partons avec le matos de bivouac et 4 jours de vivres et d’eau.
Jour 1.
Ce matin, après une courte nuit passée sur le petit parking du village d’Aiglun et un petit déjeuner plutôt venté, vient le moment de préparer les sacs. L’instant est solennel car une fois les sacs terminés, l’aventure commencera pour de vrai.
Nous le savons, pourtant, il nous faudra plus de 2 heures pour les préparer, privilégiant le confort dans la voie plutôt que dans l’approche. Les sacs sont donc plutôt imposants, voir intimidants. Mais comme la souffrance fait partie intégrante du jeu et que nous adorons jouer, c’est dans la joie et la bonne humeur que nous nous chargeons des sacs faisant ainsi passer notre IMC à des valeurs plutôt malsaines.
A noter : l’approche est pourrie alternant errance dans les buis, escalade sur des states douteuses et reptation sur un pierrier mouvant :-)
Enfin, nous arrivons au pied de de l’écrasante paroi :
Il est 15h lorsque nous nous lançons à l’assaut de la première longueur : un magnifique 8a sur mono-colonette et un final rési sur amorce de colos fuyantes, qui va nous cueillir à froid sans diplomatie, aucune.
Le « à vue » raté avant même d’avoir commencé, il me faudra être bien combatif pour faire l’essai suivant avec un bel onglé.
Le froid, à ce moment de l’aventure, nous le savons déjà, sera notre plus grande difficulté pour les trois prochains jours.
Simon, lui, malgré une remarquable pugnacité et une bonne demi dizaine d’essais (dont un à la frontale) ne fera pas cette longueur d’un cheveu ou plutôt à une zippette près :-)
Jour 2
« …Les doigts férocement enfoncés dans les deux bons tris doigts qui me servent de repos, les pieds non moins agressifs sur les petits gratons disposés çà et là, je tente un ultime relâchement avant le crux, dans le but de retrouver un peu de sang dans le bout des doigts. A force d’opiniâtreté, les sensations finissent par revenir, mode combat activé, rien ne pourra m’arrêter… »
Je suis fin prêt pour affronter la section dure du deuxième 8a.
Un mouvement plus loin je me retrouve pendu sur mes deux bras les pieds battant inutilement l’air : je viens de zipper sur les deux plus gros pieds de la voie.
Bon on se re-concentre, je ne suis pas encore tombé.
Chose qui se produira 9 mouvements plus loin, complètement défait en rési, à un demi-poil de cul de grenouille du bac salvateur.
Grrr! Ça m’apprendra à poser les pieds.
Tant pis pour cette longueur, il faut qu’on avance.
Simon malheureusement, ne fera pas mieux malgré encore une fois un très beau combat.
Nous voici donc au pied de la troisième longueur.
Chouette, un 7b+ on va pouvoir un peu délayer !
Simon part en tête et ne tarde pas à arriver au relais, non sans prendre au passage 10 mètres d’avancée.
Arrivés sur la petite vire où nous allons passer la nuit, nous profitons des dernières heures du jour pour travailler et enchaîner la quatrième longueur. Pendant ce temps le vent, taquin, s’amuse avec nos cordes et nos nerfs, aussi, un peu.
Jour 3
Aujourd’hui, une longue et dure journée nous attend : 4 longueurs, dont trois 8a+ à faire avant la nuit.
Le premier des 8a+ est plutôt sympa car long et conti : le réveil musculaire difficile. J’aurai la bonne surprise d’enchaîner au premier essai avec l’habituelle onglé qui caractérise notre escalade depuis le début de l’ascension.
Bien qu’étant une fois de plus magnifique et sur un caillou incroyable, nous ne nous attarderons pas trop sur la longueur suivante, préférant privilégier la rapidité afin d’éviter de dormir à 2 sur la même sellette.
La septième longueur, et la dernière dans le huitième degré, marque peut être le point d’orgue de la voie en terme d’ambiance et de vide. Ce « bouquet final » nous offre une fois de plus une escalade en dévers mais aussi en traversée en suivant plus ou moins le bord d’un toit. Ambiance ! Ambiance !
60m au total pour 200m mètres d’escalade.
Un dernier 7b+/c de nuit, plutôt teigneux viendra clore cette journée ainsi que cette superbe voie.
Jour 4.
Ce matin, chaque fibre musculaire de notre corps, chaque centimètre carré de la peau de nos mains, et une partie de nos esprits protestent contre ce qui va suivre : retourner dans la voie pour tenter d’enchaîner les deux dernières longueurs.
Pourquoi quitter le confort du plancher des vaches pour retourner dans le vide oppressant de la paroi dérobée, à l’ombre et au vent? Parce que la voie est belle tout simplement.
« …Une chose est sûre nous retournerons dans Ali Baba pour tenter l’enchaînement en bonne et due forme.
Mais avant cela une bonne dose d’entrainement s’impose !… »
Raph