Raph, Rémy, et Bégonia sont allés chercher quelques glaçons du côté du Val de Cogne. Des conditions « pas si pires » pour un début de saison, trois joyeux lurons, du niveau, voici le récit de Raphaël !
Deux semaines de révisions intenses, puis deux semaines de régime hyper grossissant pour les fêtes : il fallait me rendre à l’évidence, mon superbe corps d’athlète commençait à être affuté comme un loukoum. :-)
Mais que faire quand le temps annoncé est plus que médiocre ? Que l’enneigement, ma foi plutôt bon pour une fin de mois de juin, n’est pas suffisant pour assurer un ski plaisir ? Après moult réflexions, je décide de me fier au vielle adage qui dit « une année sans neige est une bonne année à glace ». Pour assurer le coup, nous partons Rémy, Bego et moi, dans le plus puissant frigo des alpes, à savoir la vallée de cogne.
Acte 1 : la cascade à l’espagnol
2h30 de route nous séparent de notre objectif. Pendant tout ce temps, nous ne lâcherons pas le thermomètre des yeux qui se fait un malin plaisir à jouer avec nos nerfs : 8°C à Chambéry vers 5h du matin, à Chamonix ça va un peu mieux, un petit 2°C. Passé le tunnel du Mont-Blanc, nous ne sommes pas déçus de constater que, effectivement, la Vallée de Cogne possède des caractéristiques climatiques exceptionnelles : 17°C au maximum, pour finalement se stabiliser à 9°C au parking. Bon, la cascade de glace ce n’est pas gagné, tout le monde a pris son maillot de bain ?
Un petit « conseil de guerre » plus tard, nous décidons de partir en direction de la cascade la plus lointaine et la plus haute dans la vallée : le mur Déckénaton. Cette jolie cascade de 220m en grade 5 max, présente l’avantage (d’après nos informations) d’être en bonnes conditions.
Tout en remontant la vallée, je suis surpris par le potentiel énorme du lieu. Il y a des lignes plus ou moins formées dans tous les sens. Pourtant, d’après le topo, il y a à peine une cascade sur trois de praticable. Nous sommes comme des gamins, tous les cinquantes mètres nous nous arrêtons pour baver sur telle ou telle cascade, l’œil humide et le Nomic frétillant. Cette remontée de vallée est, comme dirait Rémi, un vrai supplice de Tantale, mais nous avons un objectif, il faut s’y tenir.
2h30 et 1.5 litre de bave plus tard, la cascade se dévoile enfin à nous et nous avons bien fait d’attendre, car en plus d’être une belle ligne, la glace parait bien plus saine. Tout en me préparant, je me dis que c’est la première fois que j’ai peur d’avoir chaud en cascade. Bégonia est animée par d’autres inquiétudes : c’est pour elle (presque) une première. Pendant ce temps-là, Rémy ouvre le bal et se lance dans la première longueur.
Malgré quelques petites « zipettes » de notre machine basque (Bego), Il nous faudra peu de temps pour arriver au pied des premières difficultés (L4). Zipettes tout à fait justifiées par l’état de ses crampons : beaucoup trop neufs pour pouvoir mordre la glace. Ceci dit, dans la quatrième longueur ce problème semble avoir disparu. Comme quoi, les grimpeurs sont plus à l’aise dans le raide.
La dernière longueur, la plus raide et la plus belle, remonte un beau petit cigare dans une glace comme on les aime : tendre et souple, le tout avec de belles formes (je parle toujours de la glace bien sûr).
De retour à la voiture vers 18h, nous clôturons cette superbe journée par l’incontournable bar des glaciéristes « La Licorne », derrière une bonne pizza et une bonne bière bien méritées. Ahhh ! Vivement demain !
Acte 2 : la cascade à l’écossaise ?
8h00 du matin, je me réveille en sursaut : face à moi se tient un ours plutôt glabre, qui a indéniablement la très forte envie de me sortir du lit. C’est donc à regret que je quitte la chaleur de mon pied d’éléphant, ne pouvant lutter contre un Rémy qui a décidé que c’était l’heure de se lever.
Aujourd’hui un bon morceau nous attend : la mythique Repentance Super, une des premiers grades 6 ouvert par Damilano et Grassy en 1985. Un programme bien motivant, qui nous fait presque oublier les 100km/h de vent et la pluie qui nous tiennent compagnie ce matin.
Rapidement la pluie est remplacée par la neige. Le vent, à défaut d’avoir des bœufs à décorner, fait renoncer les italiens. Comme nous aimons les conditions bien pourries sommes d’un naturel optimiste et persévérant, nous décidons de continuer au-moins jusqu’au pied de la cascade. Et nous ne sommes pas déçus, car d’un coup le temps se dégage !
« Le monstre », comme ils l’appelaient à l’époque, est formé juste ce qu’il faut, même si en comparant la cascade en l’état avec une photo du topo, on se rend compte qu’elle n’est pas tout à fait en top conditions…
Qu’importe, avec mes 2 amis Nomic droit et Nomic gauche, alias respectivement finesse et douceur, ça devrait passer. Au programme, 100m d’un seul jet de cigares sculptés, méduses déversantes et freestanding.
La première longueur, pas évidente, nous met directement dans le bain, au sens propre du terme.
C’est donc déjà bien humide que je repars pour la deuxième longueur. Après une renfougne assez atypique pour se rétablir sur un énorme coquillage, une portion assez facile, j’ai le choix entre une énorme méduse déversante et un petit freestanding en glace douteuse. J’opte pour la deuxième solution, tout en me disant que la lévitation reste la meilleur option (si seulement).
Le relais ! Il est là ! Je le vois, je veux le clipper, mais pour l’instant la température de mes doigts me permet à peu près autant de mobilité qu’avec des gants de boxe en fontes. Peu à peu je retrouve des sensations et de la lucidité. Cette troisième longueur était vraiment superbe ! 20 mètres tout en finesse, moitié sur un freestanding, moitié sur la paroi, puis enfin un peu de glace où l’on peut taper sans se dire « je vais tous casser ». Génial !
La cascade ne s’arrête pas là : il reste 2 longueurs, plus faciles. Quant à nous, nous nous arrêtons là, car en-bas, une Bego probablement en phase terminale de congélation, nous attend pour, à son tour, taper du glaçon. Allez, hop, hop, hop, on enchaîne !
Matériel pour faire de la cascade de glace
(liste non-exhaustive)
- piolets PETZL Nomic
- crampons PETZL Lynx
- corde BEAL Gully
- casque PETZL Meteor
- baudrier PETZL Aquila
- broches à glace
- etc.
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Bien joué les copains !
Ça avait l’air cool, et les conditions pas pire pour un mois d’août ;)