La SaintéLyon s’est déroulée cette nuit du 30 novembre au 1er décembre 2024, entre Saint Étienne et la Halle Tony Garnier de Lyon. Les conditions météo favorables et le gros plateau de coureurs au départ ont offert une course très rapide. Antoine Charvolin, coureur pour ON Running et 2ème de l’édition 2023, a accepté de répondre à nos questions.
La SaintéLyon 2024
Née il y a 70 ans, la SaintéLyon s’est progressivement développée, tout en restant fidèle à son ambiance d’origine : une épreuve nocturne exigeante, vécue dans un esprit de solidarité et de défi personnel. Sa course phare, reliant le Parc des Expositions de Saint Étienne à la Halle Tony de Garnier de Lyon, est cette année longue de 82 kilomètres. Sur un parcours devenu emblématique au fil des années, les coureurs se sont défiés mentalement et physiquement pour venir à bout de cette course nocturne.
Nous avons d’ailleurs récemment écrit un article « Comment réussir sa SaintéLyon » : https://www.montania-sport.com/blog/comment-reussir-sa-saintelyon-2024/
La course d’Antoine Charvolin, 5ème de la SaintéLyon 2024
Après une course de prestige en 2023, terminant 2ème derrière un Thomas Cardin, Antoine Charvolin s’est de nouveau aligné sur la ligne de départ de la « Doyenne » en 2024, avec l’espoir de briller dans cette nuit mythique.
1. Après ta 2ème place l’année dernière, comment as tu abordé cette SaintéLyon ?
En 2023, je venais en pur outsider. J’avais seulement envie de donner le meilleur de moi même mais sans compétition ni pression par rapport aux autres concurrents. J’ai terminé à la deuxième place, et ça m’a confirmé que la course me correspondait bien et que je pouvais ambitionner un beau résultat sur la ligne d’arrivée pour 2024.
Cette année, avant le départ, j’avais assez peur de ressentir une sorte de pression (personnelle), et que cette dernière me fasse souffrir dans le cas où les sensations ne seraient pas au rendez-vous, ou que la course ne se passerait pas comme prévue. Au final, une fois le départ donné, toute cette pression s’est envolée et j’ai pris bien plus de plaisir que je ne l’aurais espéré. J’ai réussi à apprécier les bons comme les mauvais moments, et ça c’est cool !
2. Comment as-tu vécu ta course ? Quels ont été les moments marquants de ces 82 kilomètres ?
Les 30 premiers km, j’ai pris énormément de plaisir ! Les jambes sont là, je suis au chaud dans un bon groupe et ça court vite. Je me sens a l’aise, que ce soit à plat, en montée ou en descente et je peux manger autant que je veux : le « kiff » !
Au kilomètre 33, j’arrive au ravitaillement de Sainte Catherine, dans le groupe de tête, et je constate avec surprise que mon « crew » n’est pas là pour me ravitailler. Je panique un peu et repart les poches vide mais j’arrive à vite me remobiliser. Je me dis « Ça va être long, je vais en chier, mais c’est comme ça ».
Les 20 kilomètres suivants furent très long, avant que je puisse retrouver le « Saint » sucre ;) J’accepte de souffrir, de « prendre tarif » et je fais le dos rond en attendant que ça passe. À ce moment là, je pense plus du tout à la course. Je me dis juste que si j’arrive à voir la ligne d’arrivée, ça sera déjà bien beau.
Au kilomètre 61, à Soucieu-en-Jarrest, le sucre que j’ai ingéré au ravitaillement juste avant commence à faire son effet. En plus de ça, je retrouve mon « crew » et le moral revient ! Je sors la musique et repasse en mode course, en me disant qu’il ne me reste que 20 kilomètres jusqu’à la Halle Tony Garnier. Je retrouve progressivement de bonnes jambes et ces 20 kilomètres se sont avérés vraiment plaisants à courir, même avec un peu de fatigue. Les sensations étaient bonnes et le plaisir de courir vite m’a porté jusqu’à la ligne d’arrivée, que j’ai pu franchir en 5ème position, sur les talons de Virgile Moriset.
3. Comment tu t’es préparé pour cette course à la fois atypique et historique dans le monde du trail ? Dans le cas où tu y reviendrais, y a-t-il des points d’améliorations que tu pourrais faire ?
Pour me préparer à la SaintéLyon, j’ai fait une pure « prépa » de marathonien, en gardant simplement une sortie longue par semaine, en endurance et en trail. J’ai pour habitude de beaucoup croiser les entraînements de course à pied avec d’autres disciplines (vélo par exemple), mais sur les sept semaines de préparation spécifique, j’ai n’ai fait quasiment que courir. J’ai beaucoup travaillé à plat, avec beaucoup de séances de vitesse pour casser la monotonie du terrain. « Pour un traileur, ça peut devenir chiant le plat ;-) ».
Au final, les sept semaines de préparation se sont très bien passées. C’était beaucoup moins chronophage que d’habitude, donc je n’ai pas eu de mal à caser mon entrainement après le travail. Je n’ai rencontré aucun pépin physique et j’ai pris beaucoup de plaisir à partager certaines séances avec les copains !
4. On a le sentiment que la SaintéLyon a passé un nouveau cap cette année, avec plus de 9000 dossards sur la Doyenne et un plateau de coureurs très relevé au départ. Comment vois tu cette évolution ? Est ce que ça te pousse à aller chercher encore plus loin, à hausser ton niveau encore et encore ?
En règle générale, j’aime beaucoup les petits événements à taille humaine, dans le trail. Ça se perd un petit peu mais je trouve que la SaintéLyon garde très bien son esprit de convivialité entre les passionnés et son ambiance malgré un nombre de participants toujours plus grand. C’est un chouette évènement, qui vient marquer la fin de saison de trail d’une belle manière tous les ans.
En tant qu’Élite, c’est génial d’avoir un plateau de coureurs comme ça au départ ! J’aime rencontrer de l’adversité lorsque je mets un dossard et la SaintéLyon permet toujours de belles batailles ! Pour les beaux paysages et le plaisir montagnard, on repassera mais l’essentiel n’est pas là ;)
5. Maintenant que la saison hivernale arrive, quels sont tes projets après ta coupure ? Vas-tu te relancer sur une saison de ski-alpinisme ou rester dans l’optique de passer le maximum de temps en montagne ?
Pour l’instant, le programme est de se reposer un peu ! Coupure pendant quelques temps : au moins deux jours ;-)…
Je pense que durant les deux prochains mois, je ne vais pas avoir envie de suivre un programme d’entrainement. J’ai juste envie de profiter de la neige et des copains, d’aller faire de belles journées sur les skis ou à pied fonction des conditions en montagne, de la fraîcheur et de l’envie. Du vrai sport plaisir ! Je reprendrai un vrai entraînement structuré au mois de février, pour préparer l’été 2025.
En ski-alpinisme, je ne pense pas remettre de dossard. Je me suis fait vraiment très peur l’année dernière sur ma chute à la Pierra Menta (microfracture du tibia et entorse du ligament interne). J’ai cru que je ne pourrai jamais courir de nouveau et ça m’a bien calmé sur mes ambitions en ski-alpinisme. Je mettrai peut-être un dossard sur une ou deux verticales, histoire d’avoir une belle occasion de « s’ouvrir en deux » ;)
Merci à Antoine Charvolin d’avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Toute l’équipe de Montania Sport te félicite pour ta superbe course et espère te voir très vite sur les skis !
Vous pouvez retrouver son compte Instagram juste ici : https://www.instagram.com/charvolinantoine/
Merci de votre lecture,
Hugo