En 2021, année « Covid », Franck Tessier s’est lancé dans l’expédition vers le plus haut sommet du monde, l’Everest, fort de la réussite de son ascension du Cho Oyu (8188m) sans oxygène quelques années plus tôt. Le récit de son aventure à l’Everest en pleine pandémie était resté dans ses notes depuis maintenant 4 ans. Aujourd’hui, il nous partage ces lignes inédites en exclusivité pour le blog Montania Sport….
L’ascension de l’Everest de Franck Tessier
Une décision improbable
Mars 2021, la période est marquée par la pandémie qui rend les expéditions improbables. Pourtant, c’est le moment que j’ai choisi pour me rendre de nouveau en Himalaya. Trois ans après l’ascension du Cho Oyu, en autonomie et sans oxygène, l’envie de retourner en altitude et le souvenir de la cime de l’Everest aperçue à portée de vue, est encore bien présent. L’idée de faire l’ascension du géant est désormais mature. L’objectif initial était de grimper par le versant tibétain plus sauvage et sans oxygène mais la réalité s’impose vite à moi : le Tibet est fermé aux expéditions en raison de la pandémie. Pas d’autre choix que celui de se rabattre sur la voie normale du Népal avec ses aléas de sur-fréquentation. J’ose espérer, qu’en cette période si particulière, la fréquentation sera moindre.
Il reste très peu de temps et il faut prendre une décision rapide. Le choix est fait, le départ est fixé au 2 avril 2021. Je possède déjà une grande partie de l’équipement d’altitude et l’expérience du Cho Oyu devrait me faire gagner beaucoup de temps. Seule l’acquisition d’un nouveau GPS me permettant d’envoyer des messages me parait nécessaire pour rester en contact avec ma compagne. Même si j’en ai l’habitude, pour la logistique, difficile de se débrouiller seul, il faut recourir aux services d’une agence. Pour ma part, je choisis une agence népalaise qui s’occupera de l’acheminement du matériel au camp de base, de l’intendance ainsi que du prêt des tentes. Sauf à être un alpiniste de renom, dans le cas de l’Everest, il est impossible d’éviter les agences. Et puis, il y a moins de matos à déplacer, c’est bon pour la planète et pour le porte-monnaie. Enfin, le prêt des tentes n’est pas gratuit non plus ! Je vais être ajouté à un groupe majoritairement composé d’alpinistes indiens, ce qui me permet de négocier le coût. Un seul point reste à débattre : mon autonomie réelle dans l’ascension en altitude par rapport au groupe.
Avant de partir
La pièce principale de la maison devient vite le dépôt de matériel pour l’expédition vers l’Everest. Je vérifie, j’ajoute des choses que j’enlève ensuite…bref, rien n’est statique sauf les incontournables préparés de longue date. Dès que j’ai un moment, je pars faire du ski de randonnée dans la petite station qui se trouve derrière chez-moi. Le dénivelé est faible mais je cumule le nombre de montées. Le gros avantage, c’est que je peux pratiquement partir de la maison quand la neige est présente …Le trail et le VTT viennent compléter l’entraînement. Je ne fais rien de spécifique pour la montagne et je compte surtout sur mes aptitudes psychologiques associées à une bonne condition physique. L’adaptation à l’altitude se fera sur place avec la technique du trail quotidien. Donc, pas de trek préalable à l’expédition, ce qui aurait eu pour conséquence de rallonger la durée de l’expédition, ce qui n’était pas envisageable en cette période compliquée.
Une approche en courant
J’adore courir dans la montagne et c’est une activité que je pratique régulièrement autour de chez moi. Chaque fois que je découvre de nouveaux massifs montagneux, je ne peux m’empêcher de chausser les baskets pour voir plus loin, plus haut et découvrir de nouveaux espaces. En Himalaya, c’est encore mieux avec l’appel de l’altitude dont les effets peuvent m’enivrer davantage. Pendant toute la phase d’approche d’une dizaine de jours jusqu’au camp de base, j’essaierai de rester discret et de me livrer à cette activité uniquement après avoir atteint l’objectif du jour. Presque tous les jours, j’arpente les cimes avoisinantes en veillant à ne pas monter trop haut, trop vite. Parfois, la raideur de la pente m’oblige à marcher…parfois, aussi, je rencontre des difficultés à dissocier la marche de la course tant la vitesse est lente. Qu’importe, cette activité me rend heureux et j’ai l’impression de m’adapter plus efficacement à mon environnement. Une seule précaution à prendre, ne pas atteindre un seuil de fatigue trop élevé et ne pas prendre froid…Je ne cherche absolument pas à courir dans la trace de ceux dont c’est la spécialité car, pour moi, il n’est pas question ici de performance mais uniquement de plaisir.
Alerte au camp de base de l’Everest
J’avoue que je n’avais jamais pensé au COVID au camp de base. J’avais l’impression d’être loin de tout et donc protégé par la distance. En fait, les premières rumeurs de la circulation du virus sont apparues très tôt. On a vu ainsi, progressivement, des barrières s’installer un peu partout autour des campements d’expédition. On m’a également fait comprendre, avec fermeté, que je ne devais plus rendre visite à mes amis français installés à quelques centaines de mètres de notre camp. Au début, je trouvais cette décision disproportionnée mais le virus était bien présent au regard de la multiplication des évacuations par hélicoptère. Selon les autorités locales, le virus aurait été amené par les villageois qui acheminent la nourriture et font l’aller-retour avec la vallée. Qu’importe ! Cette nouvelle ne devait pas changer mes plans. En revanche, il devenait urgent de s’isoler au plus vite en essayant de monter en altitude où il y avait forcément moins de monde. Après de multiples discussions avec le responsable de l’agence, j’ai obtenu une certaine liberté pour évoluer seul, c’est à dire indépendamment du groupe, afin de gérer mon acclimatation comme je l’entendais. Ainsi, je pourrai rester plus longtemps en altitude avant de redescendre au camp de base de l’Everest. Je pourrai également progresser seul dans le glacier du Khumbu et surtout éviter de faire des aller-retours dans ce tronçon jugé imprévisible et donc trop dangereux, à mon sens.
Monter encore plus haut
J’avais déjà effectué une première rotation au camp 1 avec le groupe. La prochaine fois, ce sera le camp 2. J’avais aussi décidé de dormir une nuit de plus au camp 2 afin de m’acclimater et de monter plus haut le lendemain. Le reste du groupe était retourné au camp de base. Le lendemain, le temps est bouché et il neige faiblement. Je pars seul, en pleine forme, et j’attaque la contre-pente du versant du Lothse. Un sherpa de l’équipe devait m’accompagner mais je ne l’ai pratiquement pas vu car il devait poursuivre son chemin plus haut pour équiper la montagne en cordes fixes. Je continue à monter dans un linceul de brume. Bientôt, la couverture nuageuse m’enveloppe complètement et la neige commence à tomber. Je continue de monter sans voir personne jusqu’à des vestiges de tentes prisonnières de la glace. Je me sens très seul au milieu d’un décor hostile. Par prudence, je décide de rebrousser chemin et de ne pas monter plus haut. Ce jour-là, j’ai atteint l’altitude de 7400 m. Je dormirai au camp 3.
Impossible de descendre
Après un court séjour au camp de base, je suis remonté au camp 2, seul, quand j’apprends qu’une fenêtre météo va s’ouvrir très prochainement. Je reçois un message de ma compagne qui me confirme la date précise et qui ajoute une information essentielle, c’est l’arrivée d’une dégradation météo le jour suivant. Il n’y a donc pas de choix possible. Il n’est plus question de redescendre au camp de base pour se refaire une santé, il faut envisager ce que les alpinistes appellent ici le « summit push ». Je vais devoir m’adapter à ce nouvel impératif de temps : oublier les repas copieux du camp de base, accepter l’idée de ne pas disposer de mes moufles les plus chaudes et des chaussettes chauffantes restées au camp de base. Malgré quelques hésitations, la décision est prise de tenter la montée avec Nima, le sherpa qui m’a été affecté. Nima est un bon alpiniste qui a fait l’Everest à plusieurs reprises. Notre complicité sera sans faille jusqu’au bout.
La prudence est de mise
Je monte jusqu’à 7800 m environ sans oxygène puis les effets du manque de nourriture, de la déshydratation et de l’altitude se traduisent par un ralentissement de mon rythme d’ascension. Je sens que je ne dispose pas de mon énergie habituelle et puis, il y a la promesse faite à mes proches de ne pas risquer des gelures qui peuvent survenir très vite avec le manque d’oxygène. Finalement, je fais signe à Nima que j’accepte, pour la première fois, et un peu à contre cœur, de prendre l’oxygène. Au Cho Oyu, j’avais pu gérer davantage le timing mais ici tout a été accéléré par le COVID et l’arrivée d’une étroite fenêtre météo. Je me sens un peu mieux sans toutefois recouvrer toutes mes aptitudes mentales et physiques. L’ascension restera fastidieuse jusqu’au camp 4 (col sud) situé dans la zone des 8000. Quand j’arrive, le spectacle est exactement celui que décrivent les médias : une déchetterie à ciel ouvert. Soit, je n’ai pas la force de m’insurger contre cette image de désolation et je me glisse dans la tente où Nima m’annonce que nous partirons dans très peu de temps, vers 20h. J’avais compris, au départ, qu’on partirait vers minuit et j’aurais vraiment souhaité pouvoir récupérer davantage mais la météo devait se dégrader rapidement avec un vent fort. Je quitte le masque qui glisse sur mon visage et qui ne me permet pas de respirer correctement. Je ne parviens pas à dormir mais je suis motivé à l’idée qu’il s’agit de la dernière ligne droite vers le sommet.
Vers le sommet de l’Everest
Départ à l’heure, comme prévu…Moi qui croyais être parmi les premières cordées, c’est raté ! Les lueurs des frontales des grimpeurs dessinent déjà un long serpentin lumineux qui illumine le début de l’itinéraire. Au début, on double quelques cordées mais plus haut, le dépassement devient aléatoire et parfois mal vécu par les autres grimpeurs. Alors, nous restons sagement à notre place. Le rythme est lent, trop lent pour mes pieds qui s’engourdissent progressivement. Je suis content d’avoir des chaussures un peu grandes car à défaut d’être précises, je peux bouger les orteils à l’intérieur. Malgré notre lente progression, le décor est changeant, il est de plus en plus aérien, c’est le signe que nous avançons. Un seul repère bien réel quant à notre lente progression c’est que le décor est de plus en plus aérien. De nombreux tronçons de corde sur lesquels il faut se longer sont à notre portée. Le choix de petits mousquetons légers n’est vraiment pas une bonne idée quand on doit s’exécuter des dizaines de fois avec les gants. Pourtant, je m’étais juré de ne plus jamais commettre cette erreur lors de la dernière ascension sur corde fixe. Ici, la moindre difficulté matérielle devient une épreuve colossale et cette erreur de débutant m’obsède pendant toute l’ascension. Devant nous, il y a plusieurs membres d’une expédition commerciale très encadrés qui portent tous des masques de cosmonautes. Mes pieds ne sont pas vraiment réchauffés et il est désormais plus question de doubler car la progression est devenue étroite sur l’arête. De notre côté, les paroles sont rares et on communique essentiellement par des gestes et des regards. Vers 6 heures du matin, les premiers rayons du soleil viennent réchauffer légèrement les corps refroidis et je suis heureux de sentir à nouveau mes pieds. Je bouge les orteils et me frotte les mains à chaque instant. Mon masque glisse continuellement sur mon visage et j’ai impression qu’il ne sert à rien. Je n’ai pratiquement pas bu, ni mangé depuis longtemps mais je n’ai envie de rien. J’ai pourtant une gourde sur la poitrine à l’intérieur de la veste en duvet mais je ne pense pas à boire…Encore une erreur que je m’étais promis de ne plus commettre ! Autre point de détail, je n’ai jamais réussi à regarder la montre altimètre sous la manche de la veste en duvet et je ne connaîtrai l’altitude qu’une fois arrivé au sommet !
La progression sur l’arête finale, avec le contournement d’obstacles rocheux, est magnifique et c’est maintenant seulement que j’apprécie la splendeur de la montagne qui se découvre à nous avec le lever de soleil. L’ascension devient plus aérienne et plus technique et du coup, moins monotone. Elle sollicite davantage l’attention et la précision, deux facultés qui sont largement affectées à cette altitude. Pour moi, la partie terminale a été moins dure mentalement que le début et j’ai vraiment apprécié la dernière partie même si, à plusieurs reprises, j’ai cru entrevoir le sommet alors que ce n’était qu’un nouvel obstacle à contourner puis un autre…Encore un peu d’acharnement pour enfin reconnaître la silhouette caractéristique du sommet. Il reste une dizaine de mètres quand j’entends Nima appeler le camp de base : « camp de base, camp de base de Nima et Franck, nous sommes au sommet de l’Everest ».
Nous sommes le 12 mai 2021, le temps est beau avec un léger vent et une température froide mais rien d’extrême. Je m’assois sur la neige, un peu hébété, sans mot dire et sans masque. Je ressens une fatigue générale mais rien d’insurmontable…je suis heureux, au sommet de l’Everest. En comparaison avec ma précédente ascension sur le Cho Oyu, je dirais qu’ici, en présence d’une dizaine de grimpeurs, je me sens moins connecté à la montagne, plus enclin à devoir partager des émotions que j’aurais souhaité vivre plus égoïstement… Le COVID n’est pas encore monté jusqu’ici et c’est tant mieux. Après 30 minutes entre plaisir et délire intérieur, Nima me fait signe qu’il est temps de redescendre. Je m’exécute sans mots dire et nous dégringolons rapidement le long des cordes fixes qui mènent au col sud où le vent s’est levé. La descente a été rapide et sans difficultés. En revanche, arrivé sur place, j’avais bien l’intention de me reposer un peu dans la tente. Nima me fera comprendre que descendre au plus vite est une question de survie. Là, tout de suite, maintenant, j’aurais vraiment apprécié un petit repos. Finalement, je m’extirpe de la tente dans laquelle je m’étais rapidement introduit et j’avance, face au vent, mousqueton dans la main gauche et une main posée sur le masque pour qu’il ne glisse pas. L’insistance de Nima était une bonne décision et la seule envisageable à cette altitude. Tout le monde le sait, il faut redescendre au plus vite car la zone des 8000 ne permet pas de récupérer efficacement. Évidemment, je savais cela mais j’aurais bien fait une pause. Mes gants sont gelés et je n’arrive plus à les enfiler correctement. Je continue à descendre avec les sous-gants sur les cordes fixes. Mes doigts s’engourdissent puis deviennent douloureux, ce qui me rassure un moment, puis s’engourdissent à nouveau. Je suis conscient de ce qui se passe et je n’ai pas oublié la promesse de rentrer avec tous mes doigts.
Je sens que je suis moins rapide qu’au début alors que nous perdons de l’altitude. Mes doigts deviennent une obsession de tous les instants car je sais, en bon physiologiste de formation, que l’association entre fatigue, déshydratation, manque d’oxygène et froid est une combinaison parfaite pour l’apparition de gelures. J’essaie d’enfiler mes gants de nouveau mais je n’arrive pas à faire les manipulations de corde. Il faudrait pourtant les garder pour préserver mes doigts. Un nouveau dilemme surgit : accepter de perdre du temps avec des gants inopérants ou choisir de continuer avec les petits gants. Toute la descente est effectuée le long des cordes fixes avec passages des longes sur les différents segments. Le rythme est à nouveau correct et nous atteignons le camp 3 suivi de la grande descente en rappel avant de rejoindre le camp 2. A cette altitude, tout semble se réajuster sur le plan physiologique et je retrouve de l’énergie. Il n’y a plus de difficultés sauf le franchissement du Khumbu.
Je progresse désormais seul à mon rythme dans les méandres des séracs géants. Malgré la fatigue accumulée, je veille à chacun de mes pas et je suis à l’écoute du moindre craquement. Le cheminement est jalonné de descente en rappel, de progression entre les blogs chaotiques et de traversée de nombreuses crevasses. Dans cette partie, l’incertitude de la progression est à son maximum car tout peut arriver. Le glacier bouge et peut à tout moment déstabiliser de gigantesques édifices de glace. Tout se passe comme prévu et mon arrivée au camp de base est accueillie par des applaudissements. Finalement, les choix stratégiques de limiter les montées et descentes m’auront permis d’être prêt au bon moment. Après une descente interminable dans le glacier du Khumbu, je ne peux que constater que l’extrémité de tous mes bouts de doigts est violette, ce qui signifie que j’ai subi des engelures sévères mais pas des gelures irréversibles qui se traduisent normalement par une couleur noire. Une infirmière népalaise aguerrie me confirme que je vais garder mes doigts mais que le processus de récupération prendra plusieurs mois. Malgré mes réticences, le responsable du camp me convie, avec insistance, à profiter de la prochaine rotation d’hélico du matin pour faire examiner mes doigts à Katmandu. Je suis tourmenté par cette décision car je me sens en forme pour redescendre mais soucieux pour mes doigts.
Une ascension de l’Everest incognito
Je suis parti pour l’Everest en toute discrétion, seuls les membres de ma famille rapprochée, étaient au courant du projet. J’ai douté de sa faisabilité jusqu’au dernier moment car je ne savais pas si je pourrai embarquer à destination du Népal. Je n’ai demandé aucun sponsor, ni aide quelconque, ce qui me rendait plus libre dans mes agissements. En effet, je voulais pouvoir prendre les bonnes décisions sans aucunes contraintes et ne jamais sentir que je devais réussir à cause des sponsors dont j’aurais pu bénéficier.
Pour l’expédition, il était prévu que je sois intégré dans un groupe d’une dizaine de personnes incluant majoritairement des alpinistes indiens et un alpiniste allemand. Très rapidement, j’ai senti que les Indiens n’avaient pas la même approche de la montagne que moi et que l’un des membres n’avait visiblement jamais chaussé les crampons ! Il n’est déjà pas simple de communiquer pendant un mois et demi dans une langue étrangère mais c’est encore plus compliqué quand on ne partage pas les mêmes objectifs de l’ascension. Pour ma part, je voulais absolument être autonome et ne dépendre de personne d’autre. Je me suis donc isolé au sein du groupe en me recentrant sur mon ressenti, mes émotions et mes envies. Pas de place pour l’ego ici, pas de challenge avec d’autres, pas de recherche de performance. Uniquement, la recherche d’un équilibre qui permet de se frayer le bon chemin vers les altitudes. Après le camp de base, j’ai eu l’impression d’organiser mon ascension totalement seul et c’est exactement ce que je voulais. J’enviais parfois le groupe de copains français partis avec un guide francophone et je me disais que les soirées dans la tente devaient être plus agréables. J’ai essayé d’intégrer leur groupe mais ça n’a finalement pas été possible en raison de mon appartenance au groupe d’une autre agence et de la pandémie, ce que je peux comprendre.
L’Everest : une très belle aventure
J’ai pris connaissance de toutes les critiques qui portent sur l’ascension de l’Everest avant de partir et j’ai voulu m’affranchir de toutes ces idées dont je partage le contenu, pour l’essentiel, en me disant qu’il était possible de faire autrement. Au départ, le choix du versant tibétain, moins fréquenté, était une condition non négociable puis, la fermeture de l’espace chinois m’a fait revenir sur ma décision en pensant que peu de monde aurait l’idée de partir pendant la période de la pandémie. Ce n’était pas tout à fait vrai puisque bon nombre de grimpeurs s’étaient donné rendez-vous sur les pentes du géant. Il est vrai que j’ai douté de la faisabilité du projet jusqu’au dernier moment compte tenu des restrictions sanitaires imposées par la France et le Népal. Je me suis même rendu au bureau des douanes de l’aéroport afin de me faire connaître quelques jours avant mon départ.
Oui, l’Everest reste pour moi, une aventure exceptionnelle par le temps d’approche, le décor grandiose des plus hautes montagnes de l’Himalaya et les nombreuses heures d’ascension partagées avec les sherpas. J’ai profité de chaque instant avec bonheur et lucidité sur les risques encourus. Je ne me suis pas senti en danger sauf dans la traversée du glacier du Khumbu. Les craquements des édifices de glace résonnent encore en moi et la blessure d’un sherpa très connu, avec qui je devais faire l’ascension, a encore renforcé mes craintes. L’ascension de l’Everest n’est pas technique dans son ensemble. La grande difficulté réside dans le dénivelé élevé de la dernière étape (au-dessus de 8000m) jusqu’au sommet ponctuée de passages plus techniques liés à l’étroitesse de l’arête et au fait qu’il y a souvent un grimpeur devant et derrière soi.
Pour ma part, j’ai bénéficié d’un effet psychologique positif et durable pendant la période qui a suivi mon retour du Népal et je garde encore le souvenir d’émotions fortes de cette expérience hors du commun. Je connais bien les environnements difficiles d’accès tels que les gouffres, les cratères volcaniques ou encore les profondeurs aquatiques mais la très haute-altitude reste pour moi, parmi les expériences les plus rares et les plus improbables. Finalement, c’est une expérience très personnelle qui m’a permis de prendre encore davantage de recul sur la société, sur ma propre existence, comme si le ciel était plus clair là-haut et qu’il permettait de voir plus loin, au-delà des montagnes, mais aussi à l’intérieur de soi.
L’Himalaya et son magnétisme orientent l’esprit et bouleversent les codes habituels. Chez moi, malgré le peu d’ascensions réalisées dans ce massif, commence à s’installer une forme de dépendance que d’autres connaissent bien. Quand on a gouté à la rareté de cet espace, il est difficile de ne pas y retourner. Seule une conscience écologique raisonnée et raisonnable peut calmer ses propres velléités au vu d’une sur-fréquentation devenue problématique. Pour ma part, je ne recherche aucun bilan comptable et le nombre de 8000 n’a aucune importance. La planète nous offre d’innombrables montagnes fascinantes et l’aventure peut débuter derrière chez soi …
Merci beaucoup à Frank Tessier pour son récit enivrant sur son ascension de l’Everest Incognito !
Vous pouvez retrouver une grosse partie de l’équipement utilisé pour l’ascension de l’Everest au sein de notre magasin Montania Sport Chambéry (matériel, doudoune, cagoules, moufles…) ou via notre site internet dans la rubirque Escalade & Alpinisme : https://www.montania-sport.com/7090-espace-escalade-alpinisme ainsi que côté vêtements la doudoune expédition -40°C 8000 II rouge SirJoseph et son pantalon en duvet RAK PANT -30°C Sirjoseph qui l’ont encore une fois accompagné jusqu’au sommet !
Merci de votre lecture,
Hugo