Cet été, Alex et Rapha, nos ambassadeurs Montania Sport sont allés répéter Divine Providence au Pilier d’Angle.
Ils nous ont ramené un récit et quelques superbes photos dont un 3ème jour exceptionnel sous la tempête pour atteindre le sommet du Mt Blanc.
Divine Providence en bref pour bien situer la voie…
Divine Providence est une voie ouverte par Patrick Gabarrou et Francois Marsigny (05-06-07 aout 1986).
Difficultées : V/VI/VII/A2/A3 (Cotation EX=ABO) puis mixte 250m jusqu’au sommet du Mt Blanc par arête de Peuterey.
Longueur : 900m au total jusqu’au relai 18 et 1500m jusqu’au sommet du Mt Blanc.
Approche du Bivouac de la Fourche 2H.
Cotations de la Voie Divine Providence :
L1 : 6a
L2 :6b
L3 : 5
L4 :5c
L5 : 6b
L6 :6c
L7 : 6a+
L8 :5c
1er Bivouac à R9
L9 : 6a/b
L10 :7a
L11 : 6a+
L12 :7a
L13 : 7b
2ème bivouac à R14
L14 :6b
L15 : 6b+pendule ou 6c
L16 :7a
L17 : 6b+
puis 250m de mixte + arête de Peuterey pour atteindre le sommet du Mt Blanc
Une véritable expé à seulement 1H30 de Chambéry !
Récit par Raphaël dit « Rapha » :
Aujourd’hui c’est le grand jour. Il est 3h du matin, nous sommes au bivouac de la fourche, nous avons passé une bonne nuit et il fait grand beau, bref tous va bien. Notre mission du jour est de faire la marche d’approche sans se prendre un sérac et de grimper les 9 premières longueurs qui correspondent au socle du pilier d’angle.
A 7h30 du matin nous attaquons l’escalade du pilier, nous sommes dans les temps et bien naïvement nous espérons être au bivouac à midi. Très vite il s’avère que hisser un sac prend du temps surtout dans la première partie qui est peu raide et remplis de cheminées. Autre surprise, le caillou est très péteux et à certains moments il faut être très attentif pour ne pas tuer son second. Je me souviens en particulier d’une cheminée déversente en 6a/b avec d’énormes blocs posés en équilibre. Dans cette longueur, même avec un sac de 15 kilos sur le dos, tu apprends à te faire léger et délicat.
Pour l’encordement nous utilisons une corde Joker Béal de 100m en gardant une moitié pour hisser. Après tout, il suffit juste de faire attention à bien clipper la corde bleue et laisser libre le brin bleu à trait. Facile non?
A 17h nous arrivons aux bivouac, Alex qui était en tête pendant la deuxième moitié du socle nous trouve une magnifique vire d’un mètre carré et incliné à 10 degrés en direction du vide. Une bonne nuit en perspective!
Le lendemain le réveil est brutal, un éboulement parti du haut du pilier passe à une cinquantaine de mettre de notre bivouac. C’est un flot ininterrompu d’énormes blocs qui passent au dessus de notre tête avec des bruits d’avions de chasse et qui finissent leurs chutes aux environs de l’endroit où nous nous étions équipés la veille (avis aux répétiteur il ne faut pas traîner aux pied du pilier). Nous avons beau nous savoir à l’abri sur notre bivouac nous rétrécissons de moitié pendant les 30 secondes que durent les chutes de pierres. Ce petit intermède rocheux terminé et le petit déj engloutit nous sommes fins prêts à répartir.
Aujourd’hui après une première longueur (une cheminée déversente en 6b pas si facile que ça), nous commençons enfin les vraies difficultés : un 7a+ de 15 mètres bien teigneux et difficile à protéger. Alex en tête met un très beau run dans cette longueur et échoue juste sous le relais en attrapant le seul spit de toute la voie victime d’une Raphaëllite aigus.
La deuxième longueur dure, un magnifique 7a de 35 mètres nous pose moins de problèmes et nous l’enchaînons tous les 2.
Puis vient le crux de la voie, un superbe dièdre déversant de 40 mètres en 7b, 7b+, très physique à une altitude de 4000m. C’est non sans pression que je m’engage dans la longueur, car pour l’instant j’ai tout enchaîné à vue et le rêve de faire Divine Providence entièrement à vue est encore réalisable. Je fais à peine 3 mètres que je me retrouve déjà à l’envers, et là d’un coup sans prévenir une raphaëlitte aigüe frappe de nouveau notre cordée ( la seule prise potable que j’ai trouvé fut hélas un coinceur ). Honteux et un peu dégoûté d’avoir échoué d’une façon si lamentable, je me ressaisi et décide d’enchaîner la suite, cette fois-ci c’est « à la muerte ».
Finalement c’est 3 mètres sous le vrai repos que prendra fin ce combat…
Il n’y aura pas de deuxième essai car le temps commence à se gâter, il faut qu’on avance !
Les longueurs qui suivent, moins dures mais toutes aussi belles, s’enchaînent rapidement jusqu’au pendule qui nous mène au pied du dernier 7a(+). Le relai de cette longueur est fort sympathique car suspendu sur friends. Nous y resterons 3/4 d’heure afin de démêler la corde. Après cet agréable moment, le temps commence a être légèrement ( voir complètement ) pourri et nous nous retrouvons obligés « d’artifer » la dernière longueur. Dommage, mais au moins nous sommes sortis des difficultés et il nous reste environ 250m de 3-4 avant d’atteindre le sommet du pilier d’angle. Nous nous arrêtons à la première vire afin d’y installer le 2ème bivouac.
Après l’effort, le réconfort. Le notre est une portion de pâtes carbonara Lyophilisé MX3 et le luxe de dormir à 2 dans le même duvet sous la neige. Et oui, pour cette dernière nuit on a un petit aperçu de ce qu’est le mauvais temps dans la face sud du Mt Blanc. C’est vers 1 h du matin qu’Alex me réveille pour qu’on lève le camp. C’est à ce moment là que je remarque qu’il a bien neigé.
10 cm de neige humide recouvre le rocher. Personnellement quand je suis dans mon duvet et que je sais qu’il va falloir aller se mettre au tas sous la neige, dans le froid, dans le brouillard et de nuit par dessus le marché, je suis un tantinet dur à motiver… Soudain l’orage s’y met à son tour. Nous décidons d’attendre un peu.
Après une nuit difficile, c’est dans une ambiance beaucoup plus froide que nous reprenons notre escalade.
Il est 6h du matin et nous sommes quelque par entre le sommet et notre dernier bivouac. La progression est difficile.
Les 15cm de neige qui recouvrent le rocher ont transformé les 200 derniers mètres de 4 en un mixte délicat.
Cependant Alex qui est devant fait du bon travail et nous avançons à un bon rythme.
Enfin nous arrivons sur l’arrête. La progression est plus rapide.
Plus loin nous devons la quitter pour un sympathique couloir en mauvaise glace, imbrochable.
Pendant environ 100m, nous regrettons amèrement notre 2ème piolet traction resté dans la voiture.
Ceci dit ce moment plutôt désagréable me permet de découvrir une nouvelle sensation : Celle que l’on ressent lorsque vos testicules allant en direction de votre gorge, rencontre votre cœur qui lui à choisi d’aller visité votre bas ventre.
Cette rencontre inattendu entre mes 2 organes est déclenché par Alex (qui était repassé en tête évidemment) qui, a cause d’un souci de crampon c’est retrouvé pendu à un seul piolet dans de la glace à 55° avec 1200m de chute potentielle !
17h, nous sommes sur un petit nuage littéralement parlant. Le Mont Blanc nous fait enfin un cadeau.
Juste après 4700m, autrement dit juste après la dernière difficulté nous passons au dessus des nuages.
Le changement d’ambiance est d’une brutalité incroyable.
Fini le brouillard, le vide démesuré, les chutes de pierres, de séracs et d’être humain (bon la je l’avoue j’en rajoute un peu).
Fini la face sud austère et inhospitalière.
Nous nous laissons porter par le vent jusqu’au sommet, ce dernier flotte sur les nuages tel un bateau sur la mer.
Ce bateau est assaillie par la tempête mais il tient bon.
De toute manière il peut bien couler dorénavant rien ne nous empêchera de l’atteindre.
Divine providence…ça c’est fait! Bon par où qu’on descend maintenant?
Bravo les gars! Pour l’ascension, pour l’article, et bientot pour les crêpes à la fac! Bonne continuation!
Franchement BRAVO les gars, cest génial!!!!!
Bien !!! un grand Bravo.
Très bel article les gars, félicitation à tous les deux ! C’est quand que tu nous y amènes là haut Alex ?!